L’édition 2017 du salon Vini, Birre, Ribelli ouvre ses portes dans quelques heures (enfin, dans 3 jours mais je suis certain que cela paraît très court pour les organisateurs) et Patrick Böttcher invite les consommateurs à visiter le salon dans un petit édito poignant que je relaie avec plaisir sur Vinogusto… 

A Olivia, Alisson, Jean-François, Eric, Mikeul, Philippe, Jean, Enrico, Rémy, Tom, Valerio et tous ces amis et bénévoles qui font que Vini, Birre, Ribelli existe encore et toujours. 

A la veille de cette quatrième édition du salon Vini, Birre, Ribelli, j’ai souhaité m’adresser au public afin de rappeler ses fondements essentiels qui le rendent probablement unique en son genre. Cet éditorial, certains le trouveront peut-être, à tort ou à raison, prétentieux, bien que ceux qui me connaissent savent que ça vient vraiment du fond des tripes. 

De Vini, Birre, Ribelli, je pourrais mettre en avant le petit miracle que représente l’existence de cette nouvelle édition, tant nos ressources financières restent faibles, tant ce miracle ne tient que par l’amitié et la confiance de ceux qui m’accompagnent dans cette aventure si fragile. 

Je pourrais aussi mettre en avant, telle une liste de Prévert, les 170 exposants de grande qualité, les 15 nations qui y sont représentées (même si la France et l’Italie s’y tapent la part du lion) ou encore ce nouveau lieu si emblématique que représente le Shed 4 de Tour et Taxi, lieu qui voit passer tant de manifestations de haute volée. 

Je pourrais aussi m’étendre sur l’honneur que nous font cette année, par leur appui, la Ville de Bruxelles, Visit.Brussels, la Première RTBF, VivaCité, Slow Food Metropolitan Brussels ou encore Zero Waste. 

Je pourrais encore, bien évidemment, vous parler de vins, de bières, de vini, de birre, de wines, de beers… 

Mais, je m’en abstiendrai, car, de fait, le fondement de ce salon se trouve avant tout dans « Ribelli », ce mot italien qui signifie « rebelles ». 

Alors que toute notre existence, nous rêvons d’affirmer notre identité dans la diversité de nos comportements, plus les décennies passent, nous avons laissé notre alimentation se faire dominer par la malbouffe industrielle, nous nous sommes laissés embarquer par ce système que représente la standardisation du goût, avec ses armes de prédilection que sont le sucre et, dans une moindre mesure, le sel.
Alors que nous nous révoltons de voir des pouvoirs totalitaires ou autres extrémismes de tous poils s’emparer des libertés de tant d’humains, nous nous laissons presque consciemment aveugler par un mécanisme où seuls comptent désormais le prix et l’image, cette image si virtuelle que nous apporte la publicité.
Alors que la génétique de notre goût est aussi plurielle que nos ADNs, nous perdons progressivement, au travers de cette standardisation, la diversité de nos palais et l’éveil de notre sens gustatif. 

Mais bien plus inquiétant, en l’espace de soixante années d’industrialisation de notre alimentation, nous avons fini par oublier qu’à l’origine de cette alimentation, il y a des humains, de moins en moins nombreux, et des sols, de moins en moins vivants.
Petit à petit, nous avons perdu ce contact étroit et millénaire qui existait entre producteur et consommateur. 

Fort heureusement, alors que semblait perdu l’espoir de conserver une alimentation qui sacralise cette diversité qui préexistait avant la seconde guerre mondiale, tel un lent tsunami, de plus en plus d’humains ont décidé de se « rebeller », qu’ils soient producteurs ou consommateurs.
A travers de petites structures de productions artisanales, à travers la recherche du retour à la biodiversité, mais aussi à travers les chaines courtes et le « retour en force » des marchés, inexorablement enfle cette vague de néo-aventuriers du goût et de respect du vivant. 

C’est précisément à cette rébellion que vous invite Vini, Birre, Ribelli pour y rencontrer ces néo-aventuriers qui se nomment ici, vignerons, brasseurs, food truckers, tous unis sous la bannière de l’artisanat dans le sens le plus noble du terme, tous unis dans le respect de l’humain dans sa diversité, car c’est bien cela que vous propose ce salon, croquer de l’humain, le croquer dans le partage des idées et d’un gigantesque foisonnement de saveurs, tant ces humains qui viennent à vous le font pour exprimer leurs différences en totale et volontaire subjectivité. 

Ces producteurs, qui ont avant tout la lumière de leur regard à vous offrir, n’exigeront jamais de vous que vous aimiez tout ce qu’ils proposent, ils préfèrent de loin qu’à travers vos coups de cœurs, vous retrouviez vous aussi vos différences.  

Mais avant tout, eux, comme nous, ne souhaitent qu’une chose, c’est que, par votre seule présence, vous deveniez vous aussi des aventuriers de la rébellion de notre alimentation et que vous rejoigniez ce tsunami qu’ils ont contribué à soulever.

Bienvenue dans l’aventure humaine et rebelle !

Patrick Böttcher