Quand j’ai reçu une sympathique invitation de Planète Bordeaux pour une dégustation de vins des appellations Bordeaux & Bordeaux Supérieur au restaurant Comme chez soi de Lionel et Laurence Rigolet, j’étais évidemment ravi, mais également un rien dubitatif quant à la démarche. Est-ce vraiment dans un étoilé que l’on peut communiquer l’esprit décontracté de ces vins ? Est-ce bien cohérent avec l’image que Planète Bordeaux veut communiquer ? Anyway, je suis curieux, et plutôt fan des vins comme de cette bonne adresse bruxelloise, donc pas de raison de ne pas tenter l’expérience…

Je ne vais pas y aller par 4 chemins, ça vallait le déplacement  que l’on vienne de Bruxelles (comme moi!), d’Anvers ou de Verviers (comme le chaleureux Bernard Charlier de la Cave du Val Chaineux). Agréablement installés à la longue table en cuisine, vignerons (sans cravate ni costume 3 pièces), cavistes, journalistes et vins étaient comme chez eux au Comme chez soi. Un vrai bon moment, entre amis du vin.

Pour accompagner le boeuf mariné au soja, saké, cumin et gingembre, caviar d’aubergine grillée, la cuvée Anne-Sophie 2011 du Château Boutillon, un vin ainsi nommé par son grand-père en l’honneur de Anne-Sophie qui a repris la gestion de la propriété familiale. Un vin rond et soyeux, bien fondu, relativement évolué, ça passe tout seul.

 

Avec le filet de sébaste, les asperges et le riz sauvage croquant, deux bordeaux blancs 2016, le Château Les Combes assez classique et marqué par le sauvignon et le Verso dont l’étiquette originale et l’assemblage 50% sémillon vieilles vignes et 50% Sauvignon est rond et ample, mais vif et équilibré. Très bien avec un poisson, et on hésitera pas à ouvrir quelques flacons pour soutenir (moralement du moins) les jeunes vignerons qui ont été durement touchés par le gel ces derniers jours.

 

Pour le Pluma Duroc au chorizo, c’est au tour des Château des Lucioles rouge 2015 et Château Sainte Barbe rouge 2012 d’entrer en scène. Pour ce dernier, c’est une confirmation vu que le vin sort régulièrement parmi les lauréats du comité de dégustation de Vinogusto consacré aux Bordeaux et Bordeaux Supérieur rouges. C’est un vin à dominante Merlot, toujours bien mûr, avec un boisé homogène et aromatique, les amateurs sont chaque fois conquis. Pour le Château des Lucioles, on est carrément à 100% de Merlot, pour un vin fruité et épicé, parfaitement équilibré et homogène. Et pour ceux qui pensent encore que tout Bordeaux est fan de pesticides, Jean Dubech travaille en biodynamie. De plus, y a pas de hasard, les vins de Jean sont disponible à la Maison des Vins de Jean-Claude Joncour à Boisfort, et chez Etiquette à Bruxelles.

Pour le dessert,  un simple tartare de fruits exotiques à la menthe poivrée, mousse légère de noix de coco au malibu et thé calcuta. Vraiment trop stylé aurait dit mon fils, et même moi, pas trop fan de la note sucrée de fin de repas, je me suis régalé. Par contre, s’il s’en sortait honorablement dégusté au dessert, je pense que le Château Jean Faux Sainte Radegonde blanc 2015 (petite nouveauté de la propriété) aurait mérité un fromage bien choisi.

En conclusion ? Un excellent repas avec des vins accessibles, fruités et à l’aise sur les tables du quotidien comme sur une table étoilée. Bien joué les vignerons de Planète Bordeaux !

PS : pour ceux qui pensent que Laurence et Lionel Rigolet se la coulent douce, je peux vous garantir que ça bosse ferme dans cette cuisine, et que passé 23 heures, ils étaient encore au boulot tous les deux. Merci pour leur accueil et le service agréable de toute l’équipe.

PPS : non seulement c’était délicieux, mais aucun de nous n’avait de place pour une petite frite en sortant. Par contre, une petite bière dans le bistro voisin…