Pour le consommateur lambda les vins de Nouvelle Zélande ça se résume au sauvignon, peut être le chardonnay et un petit peu le pinot noir, en général en provenance de Marlborough et Central Otago pour l’île du sud. Car la Nouvelle Zélande ce sont deux îles. Celle du sud et pour celle du nord. Dans le nord, nous sommes dans La Comté, au pays des Hobbits dans la Terre du Milieu, et les  régions viticoles de Hawkes Bay, de Gisborne, de Martinborough… Au niveau des marques, on connaît les marques disponibles en GD Stoneleigh, Mud House, Brancott, Seifried. Pour les autres marques comme Te Mata, Burn Cottage, Cloudy Bay, Craggy Range, Dog Point, Escarpment, Felton Road, Greywacke, Kumeu River, Mahi, Nautilus Estate, Neudorf, Pegasus Bay, Seresin et Ata Rangi, il faut basculer sur le net pour les dénicher chez quelques audacieux cavistes ou distributeurs. La viticulture néo-zélandaise a longtemps végété dans l’ombre de l’Australie avant de sortir de l’anonymat un peu avant le bug de l’an 2000. Depuis le passage dans le troisième millénaire, c’est une succession de success story avec des croissances à deux chiffres au niveau de l’exportation. Avec une population de 4,86 millions d’habitants en 2021, la Nouvelle-Zélande est un marché de petite taille, mais dynamique, solvable et doté d’un véritable engouement pour la culture du vin. En 2020, la consommation totale de vin s’est élevée à 93,98 millions de litres de vin, soit une hausse de 4,9% sur 2019. En comparaison en 2019, en Belgique la consommation est de 2600 millions hl soit 26,9 litres par tête de pipe, en croissance de 1,1%). En Nouvelle Zélande, la consommation est de 19,5 litres par habitant et par an. La consommation repose essentiellement sur l’importante production nationale, qui s’est élevée à plus de 330 millions de litres en 2020, en hausse de plus de 11% sur l’année précédente, et qui conforte la place de 14e producteur mondial de la Nouvelle-Zélande qui était aussi en 2020 le 7e exportateur mondial en valeur avec 1,14 milliard EUR (+4,5%), et le 11e en volume avec 290 millions de litres, en de 6% sur 2019 selon les chiffres de l’Organisation internationale de la vigne et du vin publié en 2021. Clairement, la success story viticole néo-zélandaise se trouve sur nos tables ou dans nos frigos.

Depuis peu, Schenk Belgique a repris une partie de la distribution, pour le réseau HRC, des vins de la société Edmond de Rothschild heritage (NDLR : Edmond de Rotschild c’est la branche Château Lafite Rotschild de la famille Rotschild) dont le portefeuille comprend quelques vins bien connu des Belges à commencer par le château des Laurets, en Puisseguin Saint-Emilion, le château Malengin en Montagne Saint Emilion, le château Clarke en Listrac et son Merle blanc en bordeaux blanc, le château Malmaison en Moulis, et les vins de Flechas de Los Andes en Argentine en partenariat avec les vins Dassault dont la référence la plus connue est l’Aguaribay Malbec (Carrefour à 9,99€). Niveau partenariat, Rothschild Vignerons s’est associé à la famille Rupert en Afrique du Sud ou encore Macán dans la Rioja en partenariat avec Vega Sicilia et récemment pour produire le rosé Amistà en collaboration avec le Château Roubine, en plus du champagne Barons de Rothschild. Du côté de la Nouvelle Zélande, la société Edmond de Rothschild heritage possédait le domaine de Rimapere et vient très récemment d’acquérir le domaine Akurua, qui se situe à Bannockburn en Central Otago, au cœur de l’île sud. Un domaine de 34,5 ha de vignes, nichées dans les contreforts des montagnes, le long de Kawarau river, en amont du lac Dunstan, au milieu de la terre du milieu avec comme objectif de produire à termes deux très grands pinots noirs : Akarua The Siren et Akarua Pinot Noir.

Rimapere Il y a peu, à l’invitation de Schenk Belgique, j’ai rencontré Anne Escalle, engagée en 2019 comme maître de chais de Rimapere. La responsable technique de Rimapere dresse pour les fidèles de Vinogusto le portrait de la viticulture néo-zélandaise et la philosphie de Rimapere.

« La Nouvelle-Zélande représente 1% de la production mondiale. C’est vraiment tout petit. C’est un pays qui est aussi grand que la Grande-Bretagne. Rimapere, c’est 24 hectares en tout 20 hectares de sauvignon blanc et 4 hectares de pinot noir sur le terroir de Malborough qui représente 28000 hectares. Nous sommes une des plus petites structures. »

Rimapere a été acheté 2012. Le domaine se trouve sur une langue d’un terroir très commun en Marlborough: le Omaka Stony Silt Loam . L’âge moyen des vignes est de 18 ans, toutes taillées en guyot, avec une densité de 2 220 pieds/ha, avec un enherbement entre les rangs. Les vendanges sont mécaniques et ont lieu en général au mois de mars, hémisphère sud oblige. Les vinifications se font avec macération pelliculaire, pressurage pneumatique, débourbage à froid, fermentation à température contrôlée en cuve inox, avec un élevage en général en cuve inox sauf pour les cuvées haut de gamme qui ont droit à un élevage en fûts de chêne français. Ce petit domaine d’un seul tenant se trouve pas très loin de la rivière Wairau, la rivière qui au fil des siècles et de l’érosion a dessiné la vallée de Malborough.

« Nous nous trouvons sur un terroir très jeune qui est vraiment lié à cette rivière Wairau. Il y a 200 ans, la rivière coulait juste là où se trouvent les vignes du domaine. Il y a des endroits qui sont plus graveleux avec des cailloux et graviers et un limon pierreux d’Omaka, nous aussi expliqué la maître de chaisNous avons des profils de sol très intéressants. Nous avons pris le temps d’étudier cela pour arriver à avoir les meilleures façons de trouver le plus bel équilibre dans toutes nos parcelles. Atteindre la plus haute qualité, c’est le contrat qu’on a en tant qu’équipe en Nouvelle-Zélande. Notre but c’est d’optimiser ces terroirs et de faire des vins les meilleurs possibles et avec la plus grande finesse possible pour les marchés internationaux, pour finir sur les meilleures tables du monde. » Et le travail des équipes d’Anne Escalle comprend les décisions les plus importantes notamment celles concernant les vendanges. « Notre objectif c’est vraiment le fruit et la maturité. En fonction de cela on essaye d’amener plus de subtilité. »

C’est bien ce qui démarque les vins Rimapere de la substance des vins de Nouvelle-Zélande, très souvent très exubérants, très explosifs mais qui retombent souvent comme un soufflé.

« Nous respectons le savoir-faire local et le travail de nos prédécesseurs. Nous apportons notre propre savoir-faire comme élément de réflexion et d’innovation sur ce que doit être, à Marlborough, un vignoble « haute couture » et de précision, par rapport à une viticulture industrialisée. A Rimapere, chaque pied de vigne est considéré individuellement. Nous sommes garants de cette typicité néo-zélandaise prisée par les marchés et appréciée universellement par les consommateurs. La Nouvelle-Zélande c’est une expérience viticole d’à peine 30 ans. 40 ans grand maximum. Les premières générations de viticulteurs ont pris le temps de bâtir un modèle de viticulture. Elles ont étudié. Elles ont été très pragmatiques avec une installation pour un vignoble mécanisé, avec un cépage phare le sauvignon. C’est un modèle économique, un modèle qui marche assez bien et qui est transmissible. Actuellement , la seconde génération est en train de replanter. Cette génération va essayer d’autres choses pour optimiser l’utilisation des sols sans créer trop de stress. Parce qu’il y a en Nouvelle Zélande, dans un vignoble à 100 % irrigué, une faille à ce modèle qui s’appelle évapotranspiration. En Nouvelle-Zélande elle peut être 2 à 3 fois supérieure à ce que l’on trouve ailleurs dans le monde. Cela demande des pratiques particulières. »a conclu la directrice technique de Rimapere.

Trois cuvées : Deux en sauvignon et une en pinot noir (et un extra).

En vente chez les bons cavistes

Sauvignon Rimapere 2021

Ce sauvignon a été vendangé du 23 au 25 mars 2021 avec macération pelliculaire, pressurage pneumatique, débourbage à froid, fermentation à température contrôlée en cuve inox pendant 2 semaines à 15°C et élevage sur lies fines avant l’embouteillage, avec 2 g de sucre résiduel Très aromatique, très typé, pas de doute c’est du sauvignon. Les arômes sont très persistants. C’est une explosion d’agrumes qui rappelle le sorbet au citron et celui au fruit de la passion avec des notes de petites fleurs blanches. Sec, vif et fruité avec une tension agréable en meilleur de bouche, il termine la bouche sur de jolis amers avec une pointe de minéralité crayeuse

Plot 101 sauvignon Rimapere 2021

Cette cuvée 201, vendangée en mars , provient d’une partie du vignoble, à peine une trentaine de rangées à partir du plot 201. Le sauvignon a eu droit à un pressurage pneumatique en grappes entières avec un débourbage à froid, fermentation en barrique et en cuve inox à température contrôlée jusqu’à 4 semaines (11 à 18°C), avec un élevage 50 % inox et 50% en barriques avec 20% de barriques neuves.

Cela donne un sauvignon au fruit très mûr, très concentré. L’alternative de passer une partie en inox et l’autre partie sur le bois lui donne beaucoup de texture et de volume en bouche. C’est un peu crémeux et super élégant, d’une grande complexité. Pour tout dire cela ne fait pas très néo-zélandais. C’est ultra-gastronomique. La petite pointe de réduction perçue au début de la dégustation a été vite dissipée une fois que le vin servi un peu frais est monté en température. Une très belle bouteille sur un Loup de mer au mesclun, pomme et noix de pécan avec sa vinaigrette au curry .

Pinot noir Rimapere 2020

Un pinot noir sans surprise au nez de cerises noires, avec une pointe de kirsch et des notes épicées de poivre et de cannelle. Un vin un peu canaille, avec un boisé bien intégré, de l’élégance et une certaine finesse. Il fait agréablement le job avec un filet d’agneau « Princier » à l’ estragon et ses primeurs et son gratin de courgette et tomate.

(Extra) Amistà côtes de Provence 2021

Un rosé élaboré avec le château Roubine, cru classé en Provence. Un rosé ultra haut de gamme, sans le moindre défaut bourré de qualité, très gastronomique. Certifié bio, et édité à seulement 5000 bouteilles pour le premier millésime, le 2021, Il est commercialisé à 19€ dans le circuit caviste du Benelux mais on le trouve déjà sur les tables des restaurants du groupe Edmond de Rothschild Heritage.