Le millésime 2018 a de quoi réjouir les vignerons et négociants des Côtes du Rhône. Il vient compléter une série de trois millésimes exceptionnels, largement salués par la critique comme par les amateurs. Et ces derniers pourront donc s’en donner à coeur joie avec le 2018 s’ils ont loupé les précédents.
Un vignoble sain et des conditions météorologiques très favorables
Bien que la campagne 2018 n’ait pas été la même pour tous, certaines exploitations ayant été touchées par le mildiou, pour l’ensemble du second plus grand vignoble d’A.O.P. français la récolte s’est déroulée sous un temps tout à fait estival.
Les très belles conditions météo du mois de septembre, plutôt frais et ensoleillé, avec très peu d’humidité et le souffle du Mistral, ont permis une très bonne maturité des raisins, parfaitement sains. « Elément capital de la réussite de ce millésime, le beau temps du mois de septembre nous a permis de ramasser nos cépages à maturité optimale » se réjouit Michel Chapoutier, Président d’Inter-Rhône.
« Avec un mois de septembre solaire, nous avons dû nous concentrer sur la préservation de l’acidité des blancs et de leur potentiel de minéralité, tandis que la syrah a pu tirer pleinement parti de sa complexité phénolique et atteindre une excellente maturité physiologique » précise-t-il.
Les vinifications ont été réalisées sans réelle difficulté. Les fermentations alcooliques ont été rapides et souvent suivies de près par les fermentations malolactiques. En revanche les acidités sont restées très basses, conduisant à des corrections nécessaires en cave.
« Et de quatre ! Après trois millésimes encensés depuis 2015, l’arrière-saison et les amplitudes thermiques remarquables du mois de septembre nous ont encore offert un millésime exceptionnel » se réjouit Philippe Pellaton, président de l’A.O.P. Côtes du Rhône et Côtes du Rhône villages.
Quantitativement, selon les premières estimations, la récolte devrait se situer dans la moyenne basse des cinq dernières années, plus généreuse toutefois qu’en 2017.
Blancs et rosés très aromatiques dans la partie méridionale
Pour Denis Alary, co-président de l’appellation Cairanne, nouvellement élevée au rang de Cru des Côtes du Rhône « les vins sont très plaisants et gourmands, avec de belles couleurs et de la finesse».
Blancs et rosés sont très aromatiques et conservent beaucoup de fraîcheur. L’année a particulièrement réussi aux cépages très expressifs roussanne et clairette.
Les rosés sont fruités avec des acidités faibles mais plus de gras, de rondeur et de sucrosité ce qui leur confère un caractère gourmand. Une couleur qui se veut en nette progression, grâce à la grande diversité et richesse de profils, de couleurs et de cépages qui séduisent de plus en plus de consommateurs.
Pour les rouges, la palette des couleurs est large car les intensités colorantes ont été très variables en fonction des maturités. En termes de structure, les rouges sont souples, gourmands, les tanins sont fondus grâce aux belles maturités. D’une manière générale, la syrah s’avère superbe, les tanins extraits sont très doux.
Les grenaches offrent déjà des arômes de framboise et de grenadine mais aussi de nombreuses notes poivrées. « C’est une année à Grenache, le cépage roi des Côtes du Rhône ! Nous avons eu la chance de pouvoir le faire mûrir pleinement grâce au climat. Mourvèdre, carignan et marselan viennent parfaitement compléter l’assemblage de jolis vins, aux belles matières » poursuit Philippe Pellaton.
A Lirac, cru historique des Côtes du Rhône rive droite, François Miquel, co-président de l’appellation poursuit : « ce millésime présente déjà une très belle qualité et nous avons de bonnes raisons d’être satisfaits des quantités également ».
Enfin pour Réjane Pouzoulas, co-présidente de l’appellation Rasteau produisant des vins majoritairement rouges mais aussi des Vins Doux Naturels, 2018 est un « millésime très haut de gamme. Les premières dégustations offrent une belle complexité, beaucoup de profondeur et une palette aromatique très large ».
Les crus du nord de la Vallée du Rhône ne sont pas en reste
Les premières dégustations des cuvées septentrionales 2018 prédisent une qualité remarquable avec une trame tannique à la fois dense et veloutée et une belle sucrosité. La palette aromatique des blancs est magnifique, les syrahs juteuses à la couleur profonde et aux jolis tanins augurent aussi d’un beau millésime mêmes si les acidités sont plutôt faibles.
Jacques Desvernois, co-président de la mythique appellation Hermitage se dit très satisfait de ce millésime: 2015, 2016, 2017 sont de grands millésimes ; 2018 le sera à son tour un millésime d’exception d’après ce que l’on observe déjà avec en bouche des vins très structurés et des textures fondues ».
De son côté, Yann Chave, co-président de l’appellation Crozes-Hermitage, cru élégant et décontracté du nord de la Vallée du Rhône, avoue avoir eu une bonne surprise avec « des équilibres étonnants pour une année chaude : les sur-concentrations ont été évitées du fait du bon rendement et 2018 garde une typicité sur le cassis et la framboise avec une jolie finesse de tanins ».
« Qualité et quantité ! C’est LE très grand millésime ! Nous avons de bonnes acidités et une belle fraîcheur », s’enthousiasme de son côté Christophe Pichon, co-président de l’appellation Condrieu, célèbre pour ses grands vins sublimant le cépage viognier.
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