Certains endroits sur cette planète foutraque paraissent touchés par la grâce. Des lieux qui semblent presque irréels tant leur beauté est harmonieuse. Comme des tableaux inaccessibles, rêvés, des chimères merveilleuses.
Des années que je rêve de Montalcino. Une musique à mes oreilles, un peu lointaine, attirante, un peu lancinante aussi. L’Italie, déjà, m’obsède. L’Histoire, d’abord, riche et longue, passionnante. La culture ensuite, Goldoni, Dante, les peintres et les sculpteurs de la Renaissance, génies purs de l’esthétique, le bel canto, Puccini, Verdi, le cinoche, de Fellini à Moretti. La gastronomie, enfin, qui n’oublie jamais ses racines et la mamma. Les vins, bien sûr, qui ne cessent jamais de me surprendre ou de m’émouvoir. Et, parmi tous ces vins, les brunellos.
Montalcino, vieux village toscan, donc, dont j’ai parcouru la campagne, submergé d’admiration, ébloui, serein, méditatif.
La courbe raffinée des collines pointées de cyprès, les couleurs systématiquement éphémères des paysages sans cesse mouvants. La lumière comme volontaire, comme divine, comme posée par le Caravage.
Des kilomètres de route étroite qui serpente au milieu de cette splendeur, un chemin de terre discret qui aboutit de manière presque incongrue au Palazzo Altesi, vénérable bâtisse ocre du XVème, un peu sévère mais bien vivante. Elle abrite encore les chais historique d’Altesino, et dans ces chais vieillissent parmi les meilleurs vins de Montalcino.
Le rosso, d’abord, limpide, salivant, séducteur, mais pas musclé, pas putassier. Aucune vulgarité en ces murs, c’est inimaginable. Peu de bois, du sangiovese exclusivement, c’est le cépage roi de Toscane.
Le brunello, ensuite, archétypal, puissant, complexe et malgré tout charmeur. Equilibre souverain et sangiovese amoureux, dirais-je, enjôleur, loin de l’austérité un brin acide que peuvent revêtir certains chiantis.
Brunello « Montosoli », enfin, né d’une sélection parcellaire, fils de la colline du même nom, magistral, intense, envoûtant, interminable et inoubliable. L’un des quelques vins de mon modeste panthéon.
Il me vient le désir d’en ouvrir une bouteille. Je l’attrape. 2010. Grande année. Je la repose. Trop jeune, bien trop jeune.
Patience. Sérénité.
Je la reprends.
Je n’ai jamais su être sage.
J’en ai d’autres, en cave…
Site web : www.altesino.it
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