Ces derniers mois, lors de mes échanges avec les représentants de différentes régions viticoles françaises et les agences de communication qui les conseillent en Belgique, une sorte de consensus émerge : notre stratégie est de mettre le paquet sur le Flandre vu que cette région est plus riche. Intuitivement, le raisonnement me paraît correct, mais à y regarder d’un peu plus près, j’ai quand même quelques doutes.

 

Belgique Flandre Wallonie Bruxelles
Population
Nombre 11.431.406 6.589.069 3.633.795 1.208.542
Pourcentage 100% 58% 32% 10%
Ménages
Composition 2,30 2,33 2,29 2,14
Nombre 4.979.476 2.827.927 1.586.810 564.739
 Pourcentage 100% 57% 32% 11%
Dépenses moyennes par ménage par an  (en euros, année 2016)
Vin 268 253 304 240
Bière 114 111 125 95
Alcool 59 56 66 55
Dépenses par ménage par an (en euros, année 2016)
Vin 1.334.499.543 715.465.432 482.390.253 135.537.421
Bière 567.660.253 313.899.854 198.351.255 53.650.229
Alcool 293.789.078 158.363.890 104.729.463 31.060.659

2 questions sur base des informations ci-dessus :

  • Si mon budget marketing me permet de toucher 100.000 ménages, pourquoi choisir ceux dont le budget vin est de 253 euros par an et pas ceux dont le budget vin est de 304 euros par an ? Si mon budget le permettait, à taille de ménage similaire, il me semble que je voudrais d’abord toucher les 1,5 millions de ménages qui dépensent le plus en vin, et je poursuivrais avec les ménages appartenant au deuxième groupe de ménages les plus dépensiers.
  • Si 32% de la population d’un pays représente 36,15% de la consommation de vin du pays, pourquoi arrêter mes efforts marketing envers cette cible particulièrement loyale et rentable ? Pour la perdre au profit de produits substituts ? Lors des rares cours de marketing que j’ai suivis, j’avais compris qu’il était plus simple de conserver un client que d’en conquérir un nouveau. Ça a tellement changé en quelques années ?

Sur base de la photo ci-dessus prise durant la conférence de presse foire aux vins Delhaize le 3 septembre 2019, il y a encore 2 questions qui me viennent à l’esprit : 

  • Si les consommateurs de Flandre préfèrent les vins blancs aux vins rouges, et préfèrent les vins du nouveau monde aux vins de France, pourquoi miser sur eux pour écouler les vins rouges français en Belgique ?
  • Et à nouveau, si les consommateurs de Wallonie sont friands de vins français, pourquoi les abandonner comme cible marketing prioritaire ? Pour laisser la place aux vins d’Espagne, d’Italie et du Portugal ?

Si je devais assurer l’avenir du vin français en Belgique, il me semble que je me fixerais comme priorité de conserver et même renforcer mes parts de marché auprès des consommateurs wallons. Je me dépêcherais donc de partir à la rencontre des joyeux habitants des villes et villages de Wallonie. Et toi, qu’en dis-tu mon cher Eric ?